Spécial colza • Associer des parcelles de radis chinois et de colza pour lutter contre les grosses altises

Adulte de Psylliodes chrysocephala, la grosse altise du colza.

Crédit photo Terres Inovia
Les résultats 2023 du projet Adaptacol montrent l’intérêt d’une approche territoriale pour gérer les grosses altises en colza, en implantant des parcelles d’intercultures pièges, contenant du radis chinois. La destruction d’entrée d’hiver de ces intercultures pièges, plus attractives que le colza, permet à la fois de réduire les populations de l’année en cours, mais aussi celles de l’année suivante, en impactant les larves.

Dans les projets R2D2 (projet Dephy EXPE R2D2, financé par l’Office français de la biodiversité), puis Adaptacol2 (dans le cadre du plan d'action de sortie du phosmet soutenu par le ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire au travers du fond Casdar – la responsabilité du ministère chargé de l’Agriculture ne saurait être engagée), Terres Inovia, qui les pilote, et ses partenaires proposent une nouvelle stratégie pour gérer les grosses altises.

Cette fois à une échelle territoriale, il s'agit d'associer une parcelle de colza à une parcelle implantée avec une crucifère piège.

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Le principe ? « L’objectif est de modifier le comportement des grosses altises au moment des vols. En été, les adultes sont en diapause dans les bosquets, puis migrent sur les parcelles de colza à l’automne. La stratégie développée dans le cadre du projet R2D2, reprise dans Adaptacol2, est de mettre en place, en même temps que les parcelles de colza, des parcelles proches implantées avec des plantes plus attractives pour les altises, par exemple sur des parcelles d’intercultures, pour les détourner du colza et les détruire », explique Céline Robert, chargée d'études ravageurs des cultures et faune auxiliaire chez Terres Inovia.

Diminuer les populations en année N et N+1

En effet, en septembre, les adultes cherchent à se nourrir et à pondre. Une fois installées sur une parcelle, les ailes des insectes s’atrophient et ils ne sont alors plus capables de changer de lieu.

Il est alors possible, en détruisant ces intercultures attractives en entrée d’hiver, de diminuer à la fois la population d’adultes de l’année en cours, mais aussi, en détruisant les larves, de réduire la population d’altises de l’année suivante.

Parmi les espèces d’intercultures attractives, le radis chinois et, surtout, la navette se détachent du lot, mais les essais au champ se sont concentrés sur le radis chinois, plus facile à détruire, notamment en raison de sa sensibilité au gel.

Des résultats prometteurs

Les résultats obtenus en 2023 sont prometteurs. 17 dispositifs « agriculteurs » ont été mis en place au niveau national, 38 parcelles de colza (30 pieds/m2) et 22 parcelles d’intercultures pièges – semées en même temps que le colza, avec broyage en entrée d’hiver – ont pu être suivies, composées au minimum de 15-20 pieds/m2 de radis chinois associés à d’autres espèces au choix des exploitants.

« Les résultats sont variables, mais sur 11 des 38 parcelles suivies, les captures d’altises dans les intercultures représentent au minimum 30 % du total des altises capturées sur le couple de parcelles colza et interculture. Ce n’est pas du tout négligeable », estime-t-elle.

Les résultats préliminaires montrent que la mise en place des intercultures semble avoir davantage un effet de dilution qu’un effet attractif. L’efficacité de la stratégie reste cependant à optimiser. Il semble notamment que la distance entre la parcelle de colza et celle d’interculture soit importante, et il sera intéressant d’affiner les préconisations sur d’autres critères (peuplement et stade du radis au moment des vols, surface des parcelles pièges, positionnement de celles-ci, etc.)

Destruction en entrée d'hiver

Trois expérimentations Terres Inovia, dont une menée en Côte-d’Or, ont permis de vérifier que la destruction des couverts de radis chinois permettait bien de détruire les larves d’altises, et ce quel que soit le mode choisi : les modes de destruction d’entrée d’hiver, broyage (90 %) et désherbage (84,4 %) sont les plus efficaces.

Le gel est également intéressant avec - 76 % d’altises qui émergent par rapport au colza seul. Le désherbage sortie d’hiver donne un pourcentage de réduction du nombre moindre d’altises émergentes par rapport au colza, un peu en deçà (46%).

Cependant, le nombre de références pour cette modalité est faible. Si la destruction en sortie d’hiver est trop tardive, les larves peuvent avoir déjà quitté les colzas pour se nymphoser dans le sol. Il est donc plus prudent de miser sur une destruction en entrée d'hiver. « Toute altise présente dans l’interculture et une altise qui n’est pas dans le colza et ne produira pas de descendance l’année suivante », résume Céline Robert, qui précise que la mise en place d’intercultures de radis chinois ne présente pas de risques, sauf dans les secteurs à risque hernie, le radis chinois étant sensible à cette maladie.

À noter que des essais sont en cours pour vérifier que l’association du radis avec d’autres espèces ne diminue pas l’attractivité de la crucifère. « Le fait d’associer le radis avec d’autres plantes, par exemple des légumineuses, pourrait perturber le message olfactif, mais cela reste à vérifier », signale-t-elle.


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